Si Justina Repečkaitė et Adrien Trybucki furent tous deux élèves de Philippe Hurel au Cnsmd de Lyon, ils n’ont pas pour autant hérité de sa musique. Mais ce qui les rapproche de leur ainé, c’est un même intérêt pour la formalisation du timbre et du rythme à l’aide de processus faisant référence aux opérations mathématiques, acoustiques ou chimiques.

Filage, de Justina Repečkaitė, fait référence aux techniques de fabrication du fil à partir de fibres. Par analogie, lors du filage de la pièce, son déroulement, le processus de changement timbral et harmonique correspondra à la teinture et à d’autres procédés chimiques. Les fibres sont tressées afin d’obtenir une trame continue plus résistante, un fil qui perdure, le rythme qui s’articule en pulse.

Dans Unobtainium, c’est par le truchement de la spéculation mathématique qu’Adrien Trybucki met en place une transformation très progressive d’un pattern initial – renvoyant à l’évolution d’un matériau ou d’une substance chimique – et crée ainsi des jeux d’illusions et un paradoxe entre immobilité et mouvement.

Faisant référence à notre souvenir des êtres disparus (si près, si loin), So nah so fern I et II de Philippe Hurel révèlent aussi les mêmes préoccupations procédurales et ryhmiques.
Dans le volet I s’opére une  transformation de matériaux caractérisés qui se confondent peu à peu pour se figer en une boucle rythmique tournoyante. Une coda apparaît alors, sorte d’espace poétique presque improvisé dans lequel il ne reste des matériaux qu’un lointain souvenir. Le volet II, moins tendu, est une sorte de réminiscence du premier dont les matériaux ont été variés.