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Court-Circuit poursuit le dialogue musical franco-allemand

Ce concert franco-allemand est le fruit d’un échange entre l’, qui ouvre sa saison 2015-2016, et le Philharmonisches Orchester des Staatstheaters Cottbus. Cinq musiciens allemands et leur chef  partagent la scène avec l’, à Paris d’abord puis à Berlin et Cottbus.

Les quatre œuvres au programme, toutes écrites au tournant du millénaire, confrontent les esthétiques respectives des compositeurs venant des deux côtés du Rhin.

Presque vingt ans d’âge pour AAA (1996) de , un compositeur qui aujourd’hui travaille à Montréal où il occupe également une chaire de composition à l’Université McGill. Si l’écriture aventureuse et risquée de la pièce captive toujours notre écoute, elle permet aussi de mesurer l’avancée du travail compositionnel du musicien, lorsqu’on la compare à la récente création Quid sit musicus ?dont l’enregistrement vient de paraître. Mettant à l’œuvre des processus de mouvement et de métamorphose de la matière sonore, AAA est la transcription pour sept instruments d’une œuvre écrite pour quatre contrôleurs à vent MIDI. Avec un brin d’humour, Leroux prélève les notes répétées de la célèbre Poule de Rameau qui constituent le motif initial. La pièce très étonnante, par les horizons insoupçonnés qu’elle découvre au fil de sa trajectoire, manque d’un rien d’énergie pulsionnelle dans la direction un peu trop sage d’.

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Privilégiant également les tessitures basses de la flûte et de la clarinette, Twilight’s song de  (actuel chef de l’Ensemble Intercontemporain) est écrit sur un texte de l’écrivain américain Edward Estlin Cummings. La pièce extrêmement concentrée et toute en contrastes, alterne moments suspensifs, dans la résonance des crotales, et relances éruptives. La ligne vocale très exigeante éprouve les aigus un brin tendus de la soprano allemande Gésine Froberger. L’équilibre sonore peine à s’instaurer dans un ensemble où l’on aurait souhaité plus de cohérence et de fluidité.

Avec son titre aux allures sportives, Figures libres pour huit instruments de , maître d’œuvre de la soirée, convoque tout à la fois frénésie rythmique et fulgurance du mouvement, autant de qualités déployées par les instrumentistes ce soir. C’est ainsi que débute l’œuvre, qui ménage au pianiste –  éblouissant – quelques « breaks » galvanisants. La partition relève pourtant, de l’aveu même du compositeur, d’une écriture des plus contraintes : tels ces savants canons en augmentation entre les différents pupitres dans le second mouvement renouvelant les allures et les couleurs. Musicien du timbre et de l’énergie du son – caractéristiques françaises, peut-être, qui le rapproche de son confrère Leroux –  conçoit le troisième mouvement dans une tension qui s’exaspère jusqu’à l’éclatement très théâtral de la fin.

Par 
Le 

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